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Biographie de Louise Michel

Château de Vroncourt

Château de Vroncourt

Marianne Michel

Marianne Michel

Louise Michel par Emile Derré, 1906

Louise Michel par Emile Derré, 1906

Louise Michel naît le 29 mai 1830, dans l'austère château de Vroncourt, en Haute-Marne. Sa mère, Marianne Michel y est servante. Son père est Laurent Demahis, fils du châtelain, à moins que ce ne soit le châtelain lui-même, Etienne-Charles Demahis. Qu'importe. Louise est élevée par ses grands-parents Demahis. Elle reçoit une éducation libérale: son grand-père lui fait lire Voltaire, Rousseau et les Encyclopédistes, et sa grand-mère lui enseigne le chant et le piano. La vie semble idyllique si l'on en croit ses Mémoires. En 1850, après le décès de ses grands-parents et de son père, Louise Michel est chasée du château par sa belle mère.

La voilà donc sommée de se trouver un métier. C'est ainsi qu'elle s'inscrit aux "cours normaux" de Chaumont pour devenir institutrice. En 1852, son diplôme en poche, elle ouvre une école libre à Audeloncourt, à quelques kilomètres de Vroncourt. Elle organise alors des sorties pédagogiques avec ses élèves, pour leur faire découvrir la nature et leur apprend la Marseillaise. Ses méthodes avant-gardistes ne plaisent pas à tous les parents et lui valent de nombreuses visites chez le Préfet. Elle quitte donc Audeloncourt. Puis, en 1854, avec son amie Julie Longchamp, rencontrée à Chaumont, elle ouvre une seconde école de jeunes filles à Millières. Elle y reste deux ans.

Marie Ferré

Marie Ferré

En 1856, Louise Michel quitte la Haute-Marne et s'installe à Paris qui l'a toujours attirée. Elle est d'abord institutrice dans une pension puis ouvre sa propre école, neuf ans plus tard, à Montmartre. A cette époque, elle fréquente les meetings politiques - où elle rencontre d'ailleurs Théophile Ferré et sa soeur Marie - et devient furieusement anticléricale et antireligieuse. Elle s'oppose également à l'Empire. Ainsi, comme 100 000 autres parisiens, assiste-t-elle le 12 janvier 1870 à l'enterrement du journaliste Victor Noir, assassiné par Pierre Bonaparte. De plus, en juillet, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse mais voit bientôt ses troupes s'incliner et est fait prisonnier.

Du pain ou la mort

Du pain ou la mort, 1871

Camp de Satory

Camp de Satory, 1871

La Troisième République est proclamée le 4 septembre, mais dès le 19, Paris est assiégé par les Prussiens. La résistance s'instaure et Louise Michel se démène pour faire vivre son école et nourrir convenablement ses élèves, grâce à l'appui de Georges Clemenceau, alors Maire de Montmartre. Elle s'engage pleinement dans la révolte, et crée, avec d'autres amies, Le Comité de Vigilance des Citoyennes du XVIIIème arrondissement. La "République bourgeoise" tente de désarmer Paris et la lutte s'engage le 18 mars. La ville est à feu et à sang. La Commune est proclamée le 28 mars 1871. A la fois ambulancière et soldat - elle fait partie du 61ème bataillon de marche de Montmartre - Louise Michel est partout où il y a du danger. Le 24 mai cependant, elle se livre aux Versaillais - le gouvernement s'est réfugié à Versailles - qui ont arrêté sa mère et menacent de l'exécuter sa mère. Marianne Michel relâchée, sa fille est incarcérée à la prison de Satory. Louise Michel a alors 41 ans.

Devant le Conseil de Guerre

Devant le Conseil de Guerre, 1871

Permis de séjour sur la Grande-Terre

Permis de séjour sur la Grande-Terre, 1879

Le 16 décembre 1871, à l'issu de son procès, où elle mène sa propre défense, elle est condamnée à la déportation à vie. En attendant son départ pour la Nouvelle-Calédonie, Louise Michel est emprisonnée à Auberive (Haute-Marne). Elle y retrouve de nombreuses camarades des barricades, elles aussi condamnées à la déportation. Beatrix Excoffon et Nathalie Lemel en font partie. Le 28 août 1873, elle embarque sur la Virginie. Quatre mois plus tard, le bateau arrive et les prisonniers sont installés dans l'enceinte fortifiée de Numbo, située dans la presqu'île Ducos. Malgré des conditions de vie difficiles, liées entre autre au manque d'hygiène et de nourriture, elle s'y plait bien. En mai 1875, avec les autres femmes déportées, elle est transférée dans la Baie de l'Ouest, où elle se lie d'amitié avec des tribus canaques et leur apprend à lire et à écrire. Elle les aide lorsque, entre 1878 et 1879, ils s'insurgent contre la présence française. Elle assiste aussi, impuissante, à leur écrasement. Par la suite, elle quitte la Baie de l'Ouest pour Nouméa où elle s'installe comme institutrice en 1879. C'est lors de son exil qu'elle se tourne vers l'anarchisme.

Puis, après l'amnistie générale des condamnés de la Commune, elle rentre en France, d'autant qu'elle vient d'apprendre que sa mère vient d'être frappée d'une attaque de paralysie. Le 9 novembre 1880, elle est accueillie triomphalement à la gare de St Lazare, à Paris, par près de 10 000 personnes. S'ensuit une longue série de meetings et de réunions où elle rappelle à chaque fois son combat pour la révolution sociale et prône l'anarchisme. Sa renommée franchit les frontières. Les places de ses meetings sont chères, mais c'est dit-elle pour redistribuer l'argent des bourgeois aux ouvriers.

Louise Michel vers cinquante ans

Louise Michel vers cinquante ans

Le 9 mars 1883, elle conduit, avec Emile Pouget, la manifestation de chômeurs depuis la place des Invalides. Elle est arrêtée quelques semaines plus tard pour sa participation à la manifestation, puis incarcérée le 1er avril à la prison de St Lazare, au terme d'un interminable jeu du chat et de la souris avec la police. De nouveau, elle se défend seule devant les tribunaux et écope de six ans de réclusion. Quelques mois plus tard elle est transférée à la prison de Clermont, dans l'Oise, dirigée par d'anciens Versaillais. Autant dire que les conditions de détentions sont difficilement supportables. Cependant, en décembre 1884 elle est autorisée à rejoindre sa mère mourrante, grâce aux pressions de ses amis Clemenceau, Rochefort et Vaughan. Sa mère meurt le 3 janvier 1885. Elle sort finalement de prison en janvier 1886, à 56 ans.

Affiche annonçant une réunion avec Louise Michel

Affiche annonçant une réunion avec Louise Michel

Ensuite, pendant cinq ans Louise Michel enchaîne les meetings et les séjours en prison. Elle déchaîne les passions. Ainsi, lors d'un déplacement auHavre en 1888, Pierre Lucas, un extrémiste, lui tire-t-il deux balles dans la tête. Elle s'en remet peu de temps après. Puis, lasse des calomnies, des ragots et du manque de liberté, elle s'exile à Londres en juillet 1890. Cinq ans plus tard, Charlotte Vauvelle, qui vient du milieu anarchiste londonien, vient vivre avec elle et devient une précieuse aide dans tous ses déplacements. Louise Michel reprend alors ses activités d'institutrice, donne gratuitement des cours de français, et continue en parallèle ses conférences. Elle suit de loin la vague d'attentats anarchistes qui a lieu en France, tout en y étant favorable. Pendant les dix dernières années de sa vie, elle partage son temps entre Londres et Paris. Elle enchaîne les réunions et va même faire une série de conférences aux Pays-Bas et en Belgique. Elle meurt à Marseille le 9 janvier 1905, alors qu'elle effectue une tournée de meetings dans le sud de la France.

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